Repenser la légitimité de l’État africain à l’ère de la gouvernance partagée
Repenser la légitimité de l’État africain à l’ère de la gouvernance partagée, Mamoudou Gazibo et Charles Moumouni (dir)
La viabilité et la légitimité de l’État africain n’ont cessé d’être étudiées depuis la vague des indépendances des années 1960. Forgé par un processus exogène, cet État n’est pas le produit d’une dynamique sui generis comparable à celle qui a produit des États-nations puissants et orientés vers leur société en Europe. Économiquement faible, il est dépendant de l’extérieur pour assurer ses fonctions de base. Au pouvoir souvent par la force et non à la suite d’élections libres, ses dirigeants n’ont pas bâti un système politico-administratif de type wébérien. Il n’est donc pas étonnant que l’État africain ait été fréquemment qualifié de « failli », de « patrimonial », de « prédateur », d’« intégral », bref, d’institution en rupture avec la société. Pourtant, il s’est solidement enraciné ; ses politiques sont proclamées, ses symboles sont réaffirmés et ses frontières, bien qu’héritées de la colonisation, ont résisté.
Le présent ouvrage révèle toutefois que le contexte dans lequel l’État africain évolue a profondément changé, notamment depuis l’ouverture démocratique des années 1990. L’environnement institutionnel est désormais marqué par une prolifération d’acteurs nouveaux, disputant le monopole de l’action publique à un État déjà inséré dans un système externe de contraintes et de ressources. L’État n’a plus la maîtrise unilatérale de la production de politiques publiques qui sont devenues des domaines partagés, mais cette situation ne l’affaiblit pas nécessairement.
Les contributions réunies ici abordent cette nouvelle donne en explorant d’une façon originale, sur les plans local, national et international, son effet sur la substance et la légitimité de l’État africain.
Ce contenu a été mis à jour le 3 juin 2023 à 16h13.